J'ai toujours été raisonnable. J'ai toujours suivi les règles, j'ai bien écouté ma maman, mon papa, ma maitresse, mon maître, bref : les adultes, mais attention pas les inconnus !
Je l'ai fais parce que je pensais que j'avais quelque chose à apprendre d'eux et que leur expérience et leur maturité m'aiderait à grandir. Je pensais aussi que ce savoir me serait utile dans l'avenir et que j'aurais à mon tour le droit d'en faire profiter les autres.
Mais voilà , entre temps, les règles ont changées et je commence à me demander si les cancres du fond de la classe, qui n'écoutent pas, qui ne travaillent pas, qui n'essayent même pas et qui répondent avec insolence à toute figure d'autorité qu'ils croisent ne s'en sortent pas mieux que moi à la fin de l'histoire.
On a tous en nous la quête du bonheur. Je pensais que rester dans les rails et obéir m'y conduirait tout droit, mais voilà que le train déraille et que ce sont les bandits à bandanas qui s'échappent avec mon butin sous le bras. Ils ne suivent pas les rails non, mais je crois bien qu'ils sont plus heureux que moi.
L'injustice !! J'ai voulu lutter contre ça, me donner le droit de me défendre, en apprenant et en me cultivant. En vérité on ne peut réclamer justice dans les faits qu'avec trois choses (cumulées ou non) : l'argent, la violence, et le chantage.
Belle politique, belle éducation.
Voilà où j'en suis maintenant.
Petite je n'aimais pas l'école. Parce que les mêmes têtes vides que maintenant me maltraitaient, me raillaient, me punissaient d'être comme j'étais : sage. Trop sage.
Aujourd'hui je suis maitresse, et je continue de me faire agresser par ces enfants stupides (oui, ils le sont) mais attention, il ne faut pas le dire, ni à eux, ni à personne (ça les conduira tout droit sur la route du bonheur).
Que peut-on faire alors ? Les laisser tyraniser ? Je ne vois que ça. Alors allez-y mes élèves, couler, puisque je n'ai le droit de rien.
Ah si : j'ai le droit de suivre les ordres et de me taire. D'appliquer les programmes ?
Mais dans les programmes si je ne me trompe pas , on parle bien d'attitude civique et responsable ? On y parle des valeurs de la république ? Des valeurs personnelles et du respect d'autrui ?
"Ah mais c'est qui autrui madame ? " Voilà ce qu'ils me répondent ceux là. Mais non, je dois dire à leurs parents et à mes collègues ainsi qu'à mes supérieurs de l'inspection que tout va bien. Que je supporte les injustices et les mal élevés. Que tout est normal, puisqu'aujourd'hui la médiocrité c'est la norme.
C'est ça agir pour le bien des enfants ? VRAIMENT ? C'est ça ?? Je suis quoi moi ? Un clown ? Que l'on nous rende notre autorité et notre crédibilité Et on pourra enfin avancer.
Je ferais mon boulot "correctement" quand les parents de ces ignorants (eux mêmes ignorants) feront le leur correctement.
Alors bien sûr j'anticipe la réplique : "Le métier de parents, tu sais, c'est pas facile ! "
J'ai une grande nouvelle pour vous : LE METIER DE PROF NON PLUS ET ON EN A PLUS DE 25 à gérer donc s'ils pouvaient se comporter, pas comme des élèves, on en demanderait beaucoup, mais au moins comme des enfants d'humains et non pas d'ourang-outans (et c'est pas cool pour eux ) ça serait pas mal. Vous ne croyez pas ?